[FR] La campagne Open Access Now relaie aujourd’hui les témoignages d’étranger.e.s détenu.e.s au CRA de Vincennes- Paris. Ces témoignages sont récoltés afin de rendre visibles les histoires des personnes enfermées et faire la lumière sur les conditions de détention et accès aux droits.

Les témoignages présentés ci-dessous sont issus des visites parloir, effectuées en 2014 par les membres de l’Observatoire citoyen du CRA de Vincennes-Paris (France).

A. est originaire de Hama (Syrie). « Il décide de gagner l’Europe en bateau. Il y passe 12 jours, avec 50 autres personnes, dont des femmes et des enfants, dans d’horribles conditions, souffrant du manque d’eau, finalement sauvé en mer par les gardes côte italiens, qui le débarquent en Sicile. Comme il veut quitter l’Italie, on le laisse libre et c’est ainsi qu’il se retrouve à la gare du Nord avec un compatriote. Le compatriote est relâché, mais lui est amené au CRA, car… il n’a pas son passeport. En effet, craignant de le perdre en mer, il l’a laissé en Egypte et ne s’est muni que d’un scan du document, qui ne fait pas foi ! »

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« D.T. fait partie de ces étrangers vivant en France qui se retrouvent dans une totale impasse : il est arrivé en France en 1998, sa demande d’asile a été refusée, il vit donc depuis 16 ans ‘’sans papiers’’ français mais également sans papiers de son pays d’origine et notamment sans passeport. D.T. s’est fait contrôler au faciès à la sortie du RER Chatelet, passage obligé pour ces banlieusards… Il avait son pass Navigo en règle mais on lui a aussi demandé des papiers d’identité, qu’il n’a pas. Il a été emmené au Commissariat et gardé à vue 48h sans aucune incrimination judiciaire alors que le contrôle d’identité ne peut pas dépasser 16 h pour un étranger. »

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« I.M, avait déjà été arrêté mais relâché immédiatement. Cette fois, l’interpellation fut physiquement brutale (il en a encore les traces) et la juge lui a déclaré en J5: ‘’ Pourquoi ne repartez-vous pas dans votre pays? ’’. Cela l’a beaucoup choqué de la part d’une représentante du pays des droits de l’homme.»

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« Au fil de la conversation, nous apprenons, que M.R. est arrivé en France à l’âge de 14 ans. Il est marié, père de 2 enfants ‘’ gaulois’’. Comme nous nous étonnons de sa présence au CRA, il nous avoue qu’il sort de 3 mois de prison à Fresnes et a été amené directement ici. La situation de M.R. est complexe, car en 1990, à la suite d’un vol, il a été incarcéré et victime de la double peine (lois Pasqua), il a écopé d’une interdiction définitive de résider sur le territoire français, mesure qui lui a été notifiée en 2006… seize ans après les faits. M.R. n’est jamais allé à l’école et c’est en prison qu’il a appris à lire et à écrire le français. Il connaît bien les CRA : il a été retenu entre autres au Mesnil Amelot, mais comme il le dit : ‘’ Vincennes manquait à mon palmarès !’’ » […]

M.B. «De toute façon, je reviendrai en France : c’est l’espace Schengen. Je travaillais avec un ami sans papiers, qui vient d’être régularisé, cela fait 2 mois qu’il cherche du travail déclaré, personne ne veut de lui ; il est revenu chez le patron qui l’a réembauché au noir ! » Enfin, il nous remercie pour notre visite et pense que c’est important que les retenus sachent que tous les Français ne sont pas racistes et que certains s’opposent à la politique actuelle ; sinon, ils auraient la haine de la France et cela pourrait être dangereux.

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Ci-joint, la version intégrale de ces témoignages.

Chaque témoignage est présenté dans le respect du droit à l’image et à la vie privée. Dans cet esprit les membres de la campagne Open Access Now diffusent les témoignages récoltés en gardant l’anonymat des personnes interviewées et avec un délai de retard – en fonction de la durée maximale de détention administrative dans chaque pays.