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« L’entrée en 2004, puis en 2007 de nouveaux États membres, l’intégration de certains d’entre eux dans l’espace Schengen en décembre 2007, ont déplacé vers l’Est les frontières extérieures de l’UE. Dans le cadre du processus d’adhésion de ces nouveaux États membres, l’UE a encouragé et soutenu les politiques d’identification, d’enfermement et d’éloignement des migrants. Elle a également financé des projets visant à augmenter les capacités de détention des camps situés de l’autre côté de sa frontière extérieure.
C’est le cas notamment en Ukraine et en Turquie : les situations géographiques respectives de ces pays conduisent leurs voisins européens à donner la priorité quasi absolue aux contrôles des migrations dans ces régions. […] L’UE a donc commencé à apporter un soutien financier et opérationnel à la Turquie dans le cadre de l’incertain processus d’adhésion, et à l’Ukraine dans celui de sa « politique de voisinage ».
Des sommes considérables ont été consacrées au soutien du contrôle et de la « gestion » des migrants transitant par l’Ukraine, y compris pour la construction de nouveaux centres de détention pour étrangers. […] Malgré la dénonciation par les ONG de nombreuses violations des droits des migrants et des demandeurs d’asile (détentions prolongées dans des conditions inacceptables, violences, retours forcés, violation du principe de non refoulement, etc.), l’UE intensifie l’aide technique allouée à l’Ukraine afin de renforcer le contrôle de ses frontières et ses capacités de détention. Deux projets ont ainsi été récemment lancés : le projet « GDISC, de renforcement des capacités et aide technique aux autorités ukrainiennes pour répondre efficacement aux migrations irrégulières de transit » lancé en février 2008[1] et le projet ERIT (Irregular Transit-Migration) lancé en juin 2008. […]
Les relations de l’UE avec la Turquie révèlent la même tendance. […] Deux « twinning projects » ont été lancés en 2005 dans le cadre d’un plan national pour l’intégration des acquis européens en matière d’asile et de migration. L’un de ces projets vise à la construction de deux nouveaux centres de détention à Erzurum et à Ankara, sur le modèle des centres déjà existants en Turquie, pour un budget total de 19 millions d’euros dont 15 millions alloués par l’UE. Il s’agit donc d’une nouvelle contribution à l’exportation de systèmes d’enfermement des étrangers, dont l’Europe fait peser le « fardeau » sur ses voisins sans jamais se soucier des conditions de vie et du respect des droits des migrants concernés. »
Extrait de MIGREUROP, Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires, Armand Colin, septembre 2009, pp. 77-79.
[1] Ce projet vise à soutenir l’Ukraine dans son système de « gestion des migrations », et notamment le renforcement de sa politique d’asile et d’immigration : http://www.delukr.ec.europa.eu/press_releases.html?id=46836
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Informations bibliographiques
Date(s) de publication : 2009Auteur(s) : Migreurop
Source(s) : Atlas des Migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires
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